Chronique d’atelier : l’importance de l’émotionnel pour accompagner le changement en milieu pédagogique

Cet article met en lumière l’importance de la gestion des émotions dans l’accompagnement du changement en milieu pédagogique, en s’appuyant sur l’expertise d’Amélie Chiasson, conseillère pédagogique au cégep Édouard-Montpetit. Son approche éclairante encourage une réflexion profonde sur la manière dont les CP peuvent guider efficacement les personnes enseignantes à travers les phases émotionnelles du changement. 

Document infographique - Synthèse de l'activité : l’importance de l’émotionnel pour accompagner le changement en milieu pédagogique
Document infographique – Synthèse de l’activité : l’importance de l’émotionnel pour accompagner le changement en milieu pédagogique

Dans un contexte où l’enseignement et l’apprentissage évoluent constamment, l’adaptation au changement est devenue un impératif pour les conseillères et conseillers pédagogiques (CP). L’atelier inspirant présenté par Amélie Chiasson, conseillère pédagogique au Cégep Édouard-Montpetit m’a offert un éclairage précieux sur la gestion des émotions dans le processus de changement. 

Les parallèles entre le changement et le deuil  

Amélie Chiasson, forte de ses expériences dans le milieu industriel et de la santé, apporte une perspective unique à l’accompagnement du changement. Elle établit des parallèles entre les étapes du changement et celles du deuil. Alors que les étapes du changement concernent la planification et l’organisation, les étapes du deuil évoquent les réactions émotionnelles qui accompagnent le changement. Reconnaître, respecter et tenir compte de ces émotions est essentiel pour guider efficacement les personnes à travers le changement. 

Source: https://wiki.climatefresk.org/title=Fichier:Etapes_du_changement_Kubler_ross.png#filelinks  

Écouter les émotions 

Amélie souligne l’importance de l’écoute active lorsqu’il s’agit de gérer les émotions suscitées par le changement. Elle nous rappelle que les réactions émotionnelles peuvent découler d’expériences passées ou de blessures non exprimées. Il est possible de planifier les étapes du changement, mais le choc est différent d’une personne à l’autre. Dans une équipe, les membres ne sont pas à la même étape en même temps. Certaines étapes sont silencieuses chez certaines personnes. Pour comprendre la source réelle des émotions, un outil puissant est la “méthode des cinq pourquoi” qui peut aider à explorer en profondeur les racines du problème.  

Adapter son intervention aux émotions 

L’adaptation de la stratégie d’accompagnement en fonction de l’état émotionnel de la personne est cruciale. Les réactions les plus productives varient selon l’étape du deuil : 

  1. Phase 1 (Choc, Déni) : Informer, discuter des prochaines étapes. 
  2. Phase 2 (Colère) : Accompagner, discuter des objectifs, écouter pour définir un objectif commun. 
  3. Phase 3 (Dépression) : Valoriser les petits pas, encourager. 
  4. Phase 4 (Acceptation) : Donner du sens, revisiter l’intention, personnaliser l’approche. 

Dans toutes les étapes, il est essentiel de rassurer, mettre à disposition des ressources, être ouvert à la discussion et rester à l’écoute des besoins. Cependant, il est essentiel de se rappeler qu’il n’y a pas de solution universelle. Le dialogue reste la clé. 

Source : Martine St-Germain, conseillère pédagogique, Cégep de l’Outaouais. Projet de maîtrise, UQO. Recherche subventionnée par PAREA, Ministère de l’éducation, du Loisir et du Sport, 2007  

S’ajuster au niveau de besoin

Tout le monde n’a pas toujours besoin d’un accompagnement individuel. Amélie propose de s’inspirer du modèle d’intervention à trois niveaux (ou modèle RAI) pour répondre aux besoins variés, initialement publié dans le référentiel d’intervention en lecture pour les élèves de 10 à 15 ans, par le Ministère de l’éducation et du sport.  

Il est important de reconnaître que les besoins peuvent évoluer au fil du temps et que les étapes du deuil ne sont pas toujours linéaires ou même exprimées. L’écoute continue permet d’offrir une aide adaptée au moment opportun. 

Intégrer le changement à la culture locale 

L’implantation d’un changement doit tenir compte de la culture, des réalités et des besoins locaux. Comprendre le contexte est essentiel. Lorsque le changement touche l’identité professionnelle des enseignantes et enseignants, les effets sur la culture locale et les relations de groupe doivent être pris en compte. Il est essentiel de laisser de l’espace pour ces changements d’identité, à la fois individuellement et collectivement. 

Tenir compte de notre propre posture 

À l’écoute de cet atelier passionnant, une question demeurait pour moi : et notre posture à nous ? En tant que CP en charge d’implanter des changements, nous vivons aussi nos propres émotions. Que cela soit par rapport à la culture locale, aux changements ou technologies à implanter… Comment conjuguer nos propres réactions avec celles des personnes auprès desquelles nous intervenons ? Face à cette question, Amélie suggère 3 stratégies : 

  1. S’appuyer sur les cadres et règlements pour établir des normes auxquelles se référer dans nos prises de décision. 
  2. Prendre le temps de discuter et de ventiler avec des collègues pour prendre du recul et mieux se positionner. 
  3. Dans des situations extrêmes, envisager de se décharger de certaines missions en cas de conflit d’intérêt majeur. 

Conclusion  

Pour ma part, j’ai beaucoup apprécié l’approche d’Amélie Chiasson, car elle nous rappelle que les émotions suscitées par le changement font intégralement partie du processus. L’empathie, l’écoute et la capacité à répondre aux besoins des enseignantes et enseignants sont au cœur de la mission des CP. L’approche par le deuil pédagogique replace la personne humaine au centre de la démarche de changement. 

Références  

Pour aller plus loin : 

Le pilotage du changement 
Auteur(s) : Pierre Collerette , Martin Lauzier , Robert Schneider https://www.puq.ca/catalogue/livres/pilotage-changement-edition-3902.html