Cette année, le rendez-vous a commencé avec une table ronde intitulée « Posture sans imposture », animée par Maxime Pelchat, stratège numérique au sein de Cadre 21. Maxime a mis en lumière le défi omniprésent du syndrome de l’imposteur qui affecte les professionnels, quelles que soient leur expertise et leur expérience.

Ce syndrome de l’imposteur se manifeste par une crainte persistante de tromper nos collègues et notre entourage professionnel quant à notre niveau réel de compétences, accompagnée d’une tendance à sous-évaluer nos succès et à redouter d’être exposé comme insuffisamment compétent, en dépit d’évidences tangibles de notre efficacité.

La table ronde a permis aux personnes participantes de partager leurs vécus, de réfléchir sur des stratégies pour surmonter ce syndrome et de célébrer leurs réussites dans un cadre bienveillant.

Des perspectives variées et enrichissantes

La table ronde a réuni quatre personnes exceptionnelles :

  1. Sara Hashem, PhD, conseillère pédagogique au Collège Champlain Saint-Lambert et enseignante à l’Université McGill, a partagé son expérience d’entrée en poste dans un environnement instable. Elle a souligné l’importance de clarifier ses rôles et de chercher des rétroactions pour gagner en confiance.
  2. Patrick Poisson, conseiller pédagogique à l’ETS et expert en développement des compétences et en évaluation de la francisation, a raconté ses débuts intimidants au ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration. Il a insisté sur la reconnaissance des réussites et l’engagement comme clés pour dissiper le syndrome de l’imposteur.
  3. Marie-Sara Soukpa, conseillère pédagogique en développement durable à l’Université de Sherbrooke, a évoqué sa lutte contre le syndrome de l’imposteur, notamment en raison de sa formation non spécialisée. Elle a développé des stratégies structurées pour renforcer sa confiance, telles que la création d’une carte mentale de ses connaissances et l’implication dans divers comités.
  4. Simon Côté-Massicotte, conseiller en intégration des technologies éducatives à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, a partagé ses défis face à l’accompagnement pédagogique dans un format asynchrone. Pour surmonter ce syndrome, il s’est appuyé sur une documentation continue et une écoute active.

Mais ça vient d’où ce syndrome chez les CP?

Les personnes participantes ont exploré le syndrome d’imposteur chez les CP qui semble souvent causé par la jeunesse relative, le manque de formation formelle en pédagogie, et l’éloignement du terrain. Simon a noté, pour sa part, que ces facteurs ont diminué initialement sa confiance et son efficacité, créant de l’anxiété et un sentiment de position inférieure. Marie-Sara a ajouté que l’absence de guide clair et la diversité des rôles ont intensifié la pression et l’insécurité, affectant sa performance.

Puis, Sara a souligné l’ambigüité des rôles et la dépendance à la faculté pour bien comprendre les mécanismes de son poste comme causes principales, tandis que Patrick a parlé du manque d’outils et d’expérience, malgré l’amélioration de ses compétences par la formation continue.

Ok! Mais on surmonte ça comment ?

Pour surmonter le syndrome d’imposteur, Marie-Sara a mis en place diverses stratégies. Elle a d’abord accepté les limites de ses connaissances, ce qui lui a permis de structurer son apprentissage avec l’aide de collègues et de mentors. Elle a créé des cartes mentales pour visualiser ses compétences et s’est impliquée dans des comités pour enrichir sa perspective. Simon, pour sa part, a plutôt misé sur ses forces. Par exemple, il a aidé les personnes enseignantes à se sentir à l’aise devant la caméra. Il s’est également orienté en utilisant des outils pédagogiques comme la Taxonomie de Bloom et l’écoute active pour guider ses réflexions, ce qui a renforcé la collaboration. Quant à Patrick, il a commencé par observer ses collègues et les personnes enseignantes, établissant des relations de collaboration plutôt que de subordination. Il a abandonné la vision hiérarchique traditionnelle et s’est rapproché des personnes enseignantes motivées pour créer un réseau de soutien actif. Pour affiner ses compétences, il a poursuivi une maitrise en éthique appliquée, favorisant des solutions respectueuses et adaptées. Finalement, Sara a utilisé son expérience acquise dans d’autres postes pour prouver ses compétences, cessé de prendre les commentaires personnellement, et investi dans la formation professionnelle et le développement de compétences comme la gestion du temps et des projets. Elle a appris à valoriser ses contributions spécifiques, renforçant ainsi sa confiance et réduisant les doutes liés à l’imposture.

Et concrètement, comment on valorise les contributions?

La reconnaissance des réussites et des compétences joue un rôle crucial dans la réduction du syndromne d’imposteur chez les CP. Pour Patrick, cette reconnaissance par les gestionnaires renforce l’assurance et l’autonomie, à condition qu’il ait confiance en leur vision.

Sara souligne l’importance de la reconnaissance pour recharger ses « batteries » émotionnelles et surmonter l’isolement, surtout en s’accordant personnellement du crédit (comme quoi autrui ne réalisera jamais un travail désiré aussi bien que soi-même!).

Simon évoque l’impact de moments publics de reconnaissance, comme la mention de son prix Hublo, qui renforcent sa crédibilité et son engagement. Pour Marie-Sara, les petits gestes de validation par ses collègues, tels que demander son avis ou reconnaitre son expertise, sont particulièrement valorisants. Entendre des retours positifs lors de rencontres individuelles ou d’évènements officiels booste son énergie et renforce le sentiment de communauté.

En résumé, la reconnaissance, qu’elle soit externe ou interne, améliore la confiance en soi des CP et les aide à surmonter les doutes liés au syndrome d’imposteur.

Messages d’encouragement pour l’avenir

La table ronde s’est terminée avec quelques messages d’encouragement et conseils pour ceux et celles qui luttent contre le syndrome d’imposteur dans leur parcours professionnel :

  • Sara : Rappelez-vous que ce syndrome est courant en début de carrière. Avec le temps et l’expérience, il s’atténuera. Persévérez, et les choses finiront par se mettre en place.
  • Patrick : Immergez-vous dans votre environnement professionnel. Rencontrez le personnel enseignant, participez aux interactions, et observez les dynamiques sur le terrain. Comprendre le fonctionnement réel de votre milieu de travail réduit le syndrome d’imposteur.
  • Simon : Souvenez-vous que la moitié de votre rôle consiste à écouter activement avec humilité. En complétant l’écoute active avec 20 % du travail avec de bons conseils, vous accomplirez votre mission avec succès.
  • Marie-Sara : Profitez des structures de mentorat et des rencontres sur des sujets pertinents pour rester à jour et échanger des expériences. Engagez-vous dans le codéveloppement pour bénéficier d’un espace de soutien bienveillant. Faites un plan d’apprentissage personnalisé, acceptez que votre expertise évolue continuellement, et célébrez chaque étape franchie comme une victoire.

Ces conseils soulignent l’importance de l’immersion, de l’écoute active, du mentorat et de la persévérance pour surmonter le syndrome d’imposteur et renforcer la confiance en soi.

La table ronde a offert des perspectives riches et variées, incitant chaque personne à reconnaitre et à valoriser ses compétences pour dépasser le syndrome de l’imposteur. Les stratégies partagées et les messages d’encouragement ont permis de renforcer la confiance en soi et de promouvoir une posture professionnelle authentique et affirmée.