L’attention: méthodes et pratiques en enseignement supérieur

Durant la semaine de la FAD proposée par FADIO, Sylvain Desautels du Pôle d’expertise interordres en formation à distance a rassemblé quatre personnes de différents horizons autour d’une même table. C’est ainsi que Marie-Lou Laplante et l’Institut des troubles d’apprentissage, Stéphane Lacroix du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue et de l’UQAT, Annabelle Fortin, étudiante au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue ainsi que Sophie McMullin du Laboratoire de recherche en neuroéducation et de l’UQAM se sont réunis pour parler d’équilibre attentionnel. Personnellement, j’ai retrouvé plusieurs bonnes idées concernant l’attention qui, comme le disait une personne intervenante, est une ressource cognitive précieuse et limitée quand il est question d’apprentissage.

notre cerveau est ultrasensible à tout ce qui peut attirer notre attention

Sophie McMullin

C’est une question de feeling…

La capacité des personnes formatrices à percevoir les moments de déconcentration et à ajuster leurs méthodes d’enseignement en conséquence est cruciale. Cela implique une sensibilité accrue aux signes de baisse d’attention et une adaptation dynamique du rythme et du contenu des cours pour recaptiver l’intérêt des personnes apprenantes. Si avant, on remarquait rapidement un jeune qui souriait en regardant son entrejambe en classe alors qu’il jouait avec son cellulaire, le combat reste le même… à distance! La tolérance et la persévérance sont également essentielles, reconnaissant que l’attention et l’engagement peuvent fluctuer et que l’apprentissage est un processus qui demande du temps et de la patience.

Stéphane, pour sa part, propose fréquemment des pauses pour permettre aux personnes étudiantes de digérer ce qui vient d’être dit. Réjeanne Gagnon dirait probablement ici qu’il faut apprivoiser le silence.

Apprendre à gérer nos ressources attentionnelles personnelles

Du côté des personnes apprenantes, la prise de conscience de leur propre état d’attention et la capacité à se réajuster en cours de tâche sont des compétences clés. Plusieurs personnes intervenantes ont mentionné la méthode Pomodoro, par exemple, très utile lors de périodes d’étude intensives. Ces périodes sont alors suivies de courtes pauses, favorisant ainsi une attention soutenue et la prévention de la surcharge cognitive. Ces pauses, loin d’être de simples moments de détente, permettent en réalité un prétraitement des informations en arrière-plan, aidant à une assimilation plus profonde des connaissances abordées. On lâche alors les écrans, on se déconnecte pour mieux se raccrocher en nommant l’intention. Comme Sophie le mentionne, cela permet d’ « arrive [r] avec une perspective légèrement différente de celle quand on a quitté ».

à chaque pause, on se lève, puis on s’en va prendre une marche, que ça soit près des toilettes […] ou même juste comme déconnecter, s’étirer […] sortir dehors un peu là pour prendre un peu d’air

Annabelle Fortin

Technologie et attention: bon ou mauvais pairage?

L’utilisation de la technologie est un couteau à double tranchant. D’une part, elle offre des outils et des plateformes permettant des interactions riches et diversifiées, qui peuvent stimuler l’engagement et l’attention. D’autre part, elle peut aussi représenter une source de distraction significative. Les personnes enseignantes et apprenantes doivent donc être stratégiques dans leur utilisation des technologies, en maximisant leurs avantages tout en minimisant les potentiels distrayants.

c’est nous qui devrons avoir du contrôle sur la situation en amont pour éviter d’être exposé aux distractions

Marie-Lou Laplante

Stéphane, lorsqu’il enseigne en ligne, interdit le cellulaire en classe. L’idée est pour lui de reproduire le même contexte qu’en classe physique : « pas de gens avec qui on jase, pas d’animaux, pas de de nourriture autant que possible ». Sophie, pour sa part, soutient que le cellulaire « vient polluer [l’]attention [qui] vient en arrière-pensée pour occuper une partie de [l’]esprit, de [la] charge mentale ». Ah la charge mentale… Mylène nous avait donné de bons conseils l’année dernière à pareille date.

Les recherches en neurosciences et en pédagogie continuent de fournir des conseils précieux, suggérant que les meilleures pratiques en enseignement tendent à rendre la personne étudiante actives pour de courtes périodes. Annabelle a souligné l’importance pour les personnes étudiantes de sentir la passion et l’intérêt de la personne enseignante concernant le cours et le contenu !

Article rédigé en partie avec l’aide de l’IA