Chronique d’une pédagopause bien mouvementée!

L’arrivée de l’intelligence artificielle (IA) bouleverse de nombreuses pratiques éducatives, remettant en question des idées reçues. Les opportunités de formation, d’ateliers, de lecture et autres sont multiples. Pourtant, il semble manquer d’occasions de discussion à bâtons rompus. C’est la raison pour laquelle j’ai invité Clara Dyan-Charles, doctorante en éducation avec un champ de spécialisation en communication, à venir discuter avec les membres de la communauté d’i-mersion CP.

Clara a partagé ses réflexions sur l’IA, soulignant que bien que certaines personnes considèrent le tout comme une bulle, elle voit cela comme une opportunité exceptionnelle pour les CP – mais pas que! – de réfléchir aux changements déjà en cours, notamment dans l’enseignement et les législations. Il ne tient qu’à nous de «subir» ou de vivre la transformation. Elle a souligné que les changements majeurs ont commencé avec l’arrivée d’Internet et des réseaux sociaux, et que l’IA offre un momentum pour réfléchir sur ces évolutions. D’ailleurs, d’après elle, les IA sont déjà intégrées dans de nombreux outils quotidiens, influençant notre perception du monde.

Comment à titre de CP on peut se saisir de la réflexion de l’IA (temps de formation, financement, etc.) pour aller vers une force de transformation et une pertinence au modèle ? Pouvons-nous être proactifs et réfléchir à l’ensemble des modalités d’enseignement qui ont déjà eu lieu? (extrait des questionnements de Clara)

Cette intégration a des répercussions sur le langage et la curiosité intellectuelle des jeunes, qui ont désormais accès à un flot d’informations sans nécessairement développer un recul critique. D’ailleurs, Clara a judicieusement rappelé que les plateformes financées par la publicité ont introduit des changements notables dans le langage, notamment à cause de la censure. Cette infobésité nuit, d’une certaine manière, à la structure et à la compréhension possibles de ces informations. D’après sa lecture de la situation, Clara considère que la structure de l’éducation doit évoluer pour combler le fossé entre les méthodes traditionnelles et les nouvelles technologies, en intégrant les réflexions actuelles sur l’IA.

L’IA nous amène à les regarder dans les yeux. Comme CP, c’est évident. L’IA s’ajoute au portrait et amplifie/justifie/confirme l’importance des changements de pratique à influer. Si enseignants n’étaient pas prêts, il y a 10-20-30 ans, comment les accrocher maintenant sans avoir l’impression de répéter? (réflexion d’une collègue)

Ce fossé représente un défi de taille! L’idée est de remuer toutes les idées pédagogiques avec l’IA comme trame de fond!

Ce fut mon constat durant cette discussion bien animée! Effectivement, les CP, ces agents multiplicateurs, sont au premier rang pour repenser en profondeur les modèles d’enseignement et les structures de programmes. Étant donné les financements et opportunités de formation disponibles avec l’engouement pour l’IA, qu’est-ce qui nous empêche de transformer les modèles d’enseignement? Clara suggère de revenir sur les changements déjà observés pour ancrer les transformations dans le moment présent et offrir plus de pertinence en enseignement supérieur. Elle a insisté sur la nécessité d’être proactif et d’intervenir dans les transformations technologiques pour ne pas simplement subir les changements.

Comme soulevé par les collègues, certaines personnes enseignantes expriment des préoccupations et des réticences face à l’intégration de l’IA, craignant notamment les impacts sur les méthodes d’évaluation. Il est donc essentiel, à titre de CP, de les accompagner dans cette transition, en les encourageant à explorer les possibilités offertes par l’IA pour développer la pensée critique des personnes étudiantes. Une collègue rappelle qu’essayer – les IAG – n’implique pas de l’adopter, mais ça implique d’accepter les émotions qui en découlent.

Dans la même veine, un collègue évoque l’importance des pédagogies actives et l’idée que l’IAG peut être un levier pour changer les méthodes d’enseignement traditionnelles. Parallèlement, certains collègues croient que de revenir à certaines méthodes d’évaluation traditionnelles pourrait renforcer les compétences fondamentales des personnes étudiantes.

À plusieurs reprises, les collègues ont souligné l’important de la relation pédagogique avec les personnes étudiantes. Je suis la première à encourager les personnes enseignantes à se recentrer sur les besoins des personnes étudiantes.

Si l’IA peut le faire, toi, que peux-tu apporter de plus? (ma question naïve préférée)

Comme l’a mentionné un collègue, l’IA modifie, dans certains contextes, les compétences enseignées, notamment en informatique, où les méthodes de programmation sont largement influencées par les nouveaux outils.

de nombreuses entreprises utilisent déjà des assistants virtuels ou des robots pour des tâches de programmation, soulignant l’importance de préparer les étudiants à ces réalités (mention d’un collègue)

Plusieurs CP sont d’avis qu’une concertation et une planification au niveau facultaire s’avèrent cruciales pour intégrer l’IA de manière cohérente et progressive dans les programmes.

Je perçois l’arrivée des IAG comme un cheval de Troie qui nous permet en tant que CP, de mettre l’accent sur les compétences humaines distinctives des personnes enseignantes (réflexion d’un collègue)

Au-delà des aspects technologiques, l’IA représente un changement épistémologique et social majeur, comparable à l’arrivée d’Internet. Les CP ont un rôle essentiel à jouer pour accompagner cette transformation et saisir les opportunités offertes par l’IA afin d’innover dans les pratiques d’enseignement.

on veut amener de A à B… mais on ne sait pas c’est quoi le B en ce moment (réflexion d’une collègue)

Cela passe notamment par la valorisation des compétences humaines distinctives des personnes étudiantes, en misant sur des tâches authentiques et la construction d’une véritable relation pédagogique.

Les révolutions pédagogiques se font en 50 ans (réflexion d’un collègue)

En définitive, l’IA n’est pas une menace à combattre, mais bien une opportunité à saisir pour repenser en profondeur l’éducation… ou il faut adopter la mode de «désencombrement» pédagogique.