Lors de mon passage au Camp FAD à FADIO, la FAD squad, équipe dans laquelle j’étais, a eu la chance de participer à un atelier proposé par Catherine-Julie Charette. Le temps d’une matinée, elle nous a proposé un temps d’arrêt pour développer nos compétences en coaching et enrichir notre pratique.
Qu’est-ce que le coaching ?
Pour Catherine-Julie, le coaching vise à aider une personne ou une équipe à trouver ses propres solutions et à réaliser son plein potentiel. Pour ma part, j’y vois une grande ressemblance avec le travail du CP en enseignement supérieur. Dans son rôle coach, elle souhaite susciter la réflexion et la créativité, mais aussi utiliser l’intelligence collective du groupe pour s’actualiser (merci Maslow!).
Elle caractérise donc la relation de coaching par :
- Un partenariat égalitaire
- Une coresponsabilité dans l’atteinte des objectifs
Le coach possède une expérience professionnelle et donc de l’expertise, mais demande une grande implication de la part de la personne bénéficiaire. Cela nécessite une agilité comportementale: être coach, c’est poser la bonne question et donner l’espace pour y réfléchir (et accepter les malaises). Catherine-Julie propose de valider fréquemment notre compréhension de la situation, de faire des reflets sans évoquer des solutions afin de permettre à l’autre de s’entendre. Et quand la personne part pour un long discours, elle répond un peu à la blague (mais pas tant…): «dis-moi ça en trois mots»!
Les 4 compétences clés du coach
Son atelier s’est déroulé autour de quatre compétences parmi la liste de l’International Coach Federation (ICF).
Compétence 1: Définir et maintenir une entente
- Clarifier les objectifs et attentes
- Établir les indicateurs de performance
- Revalider régulièrement l’entente
Catherine-Julie propose ici l’utilisation du modèle GROW – que je ne connaissais pas – qui consiste à identifier les objectifs, la réalité, les options et la volonté. Pour ce faire, le CP peut utiliser différentes questions:
Objectif (Goal)
- Qu’est-ce que tu souhaites accomplir durant la séance?
- Comment sauras-tu que tu as atteint l’objectif? Ou que le problème a été résolu?
Réalité (Reality)
- Que se passe-t-il actuellement?
- Quoi? Quand? Avec qui? Etc.
- Quels sont les facteurs déterminants?
Options (Options)
- Quelles sont les options?
- Qui pourrait t’aider à atteindre l’objectif?
- Qu’est-ce que ton collègue, patron, etc. te suggéraient s’ils étaient dans ta situation?
Volonté (Willingness )
- Quelle sera la 1re étape?
- Qui fait quoi? Quand?
- Sur une échelle de 1 à 10, quel est ton degré de motivation? Qu’est-ce qui te manque pour être à 8 ou à 9 ou pour passer à l’action?
Pour ma part, je compte enregistrer ces réponses en audio dans mes notes de conseil pédagogique, par exemple, sur OneNote pour les consulter entre les rencontres et mieux adapter mon accompagnement pédagogique.
Compétence 2: Développer un espace de confiance et de sécurité
- Adopter une attitude positive et sans jugement
- Faire preuve d’empathie et de soutien
- Encourager l’expression authentique
Pour cette compétence, Catherine-Julie a évoqué les positions de vie qui se déclinent en quatre variances de + et de -. Si le sujet vous intéresse, Caroline Wurth Carlicchi les décrit dans son article de 2012 Positions de vie et possibilité de changement. En somme, l’idée est que le CP reste dans le quadrant (+, +) en ayant une estime positive de soi et de la personne qu’elle accompagne, en faisant preuve d’empathie, d’ouverture et de transparence. L’intention est donc d’adopter une attitude de coopération dans le respect de soi et de l’autre.
Compétence 3: Écouter attentivement
- Pratiquer l’écoute active à 3 niveaux : soi, l’autre, la relation
- Observer le verbal, le paraverbal et le non verbal
- Valider sa compréhension
Catherine-Julie mentionnait que le CP doit écouter 80% du temps et parler 20% du temps. Au camp FAD, la plupart des coachs ont trouvé cela difficile mine de rien. Elle nous a proposé d’utiliser des relances aussi simples que «je ne connais pas la réponse, je ne sais pas ce que je ferais. Toi, qu’en penses-tu? Que perds-tu en faisant ça (solution évoquée par la personne)? Que gagnes-tu en le faisant?».
Compétence 4: Susciter des prises de conscience
- Utiliser le questionnement puissant
- Laisser des silences
- Employer des métaphores
Lors de l’atelier, la troisième et la quatrième compétence ont été utilisées dans un seul et même exercice autour des questions puissantes pour laisser la personne explorer ses propres solutions, prendre conscience des obstacles, des peurs et des perspectives. Voici des exemples de questions qui, à mon avis, nous permettent de jouer notre rôle de leadership pédagonumérique:
- Qu’est-ce qu’on attend de toi dans ce(s) projet(s) ?
- Comment puis-je contribuer à ce que tu atteignes tes objectifs et aspirations ? Qu’est-ce qui t’inquiète ? De quoi as-tu besoin pour réussir ?
- Que mets-tu en place pour atteindre l’objectif ? Quelles forces te seront utiles ? Comment aimerais-tu être perçue ?
- Qu’est-ce qui te motive, te donne de l’énergie ? Qu’est-ce qui te démotive ? À quoi ressemble le succès pour toi ? Quels sont tes critères d’évaluation ? As-tu d’autres idées/motivations/projets/etc.
- Si tu avais une baguette magique, que ferais-tu ?
- De tout ce que tu as nommé, qu’elle est la chose la plus importante/la priorité/le le pas ? Quoi d’autre ? Et quoi d’autre ?
- Quelles seraient les prochaines étapes, pour toi, pour les autres ?
Créer un espace de confiance
Pour Catherine-Julie, la sécurité psychologique est essentielle pour un coaching efficace. Quelques stratégies pour y parvenir :
- Avoir une estime positive inconditionnelle pour la personne accompagnée
- Reconnaitre ses émotions et préoccupations (et les nôtres!)
- Faire preuve d’ouverture et de transparence
- Souligner ses accomplissements et progrès
En développant ces compétences, je pense qu’il est possible d’adopter une posture de coach dans notre rôle de CP, favorisant ainsi l’autonomie et le développement professionnel des personnes enseignantes que nous accompagnons.