*** Chronique rédigée par Alexandre Enkerli concernant l’atelier de Andrea Cooperberg du collège John Abbott, intitulé Blended Learning : How to keep our community of practice alive ***

Dans son atelier, Andrea Cooperberg du collège John Abbott a poussé les personnes présentes à réfléchir aux conditions qui favorisent le maintien d’une communautés de pratique (CdP). Partant de l’expérience qu’elle a vécue en bâtissant une CdP dans son collège, Andrea a facilité un remue-méninge au sujet de l’utilité des CdP dans notre milieu. La diversité des personnes présentes a permis d’élargir le contexte d’application de ces CdP : pédagogues d’Italie, de France et du Québec impliquées de la maternelle à l’université, au privé comme au public.

L’apprentissage hybride comme thématique pertinente

La CdP qu’Andrea a bâtie au cours des dernières années se concentre sur l’apprentissage hybride, un axe important de la transformation des pratiques pédagogiques de son établissement. En plus de définir des modalités d’apprentissage considérées comme hybride, le groupe convié par Andrea a été en mesure d’établir une procédure claire visant la transformation d’un cours en apprentissage hybride. À la suite d’une exploration pratique sur deux sessions, une formule hybride peut faire l’objet d’une approbation formelle de la part de l’institution. Une part importante du travail touche l’adaptation du syllabus qui doit se conformer à diverses règles tentant d’assurer un sain équilibre entre le présentiel et la formation à distance.

Comme dans bien d’autres établissements, le contexte pandémique a considérablement augmenté l’intérêt porté à la formation à distance et à l’apprentissage hybride. Toutefois, à John Abbott comme ailleurs dans le réseau, cet intérêt accru ne garantit pas une attention soutenue au fil des années. L’essentiel de l’atelier portait donc sur le maintien d’une communauté de pratique, Andrea sollicitant l’avis des membres de l’auditoire au sujet de pratiques qui peuvent mener à une communauté aussi dynamique que possible.

Un remue-méninge élargi

La présence de personnes extérieures au contexte québécois a permis de révéler certains enjeux particuliers de notre milieu. Par exemple, lorsqu’Andrea mentionnait l’utilisation de trois plateformes d’apprentissage (Moodle, LEA et Teams), une participante européenne a manifesté une grande surprise : pourquoi trois environnements d’apprentissage ?

Au cours du remue-méninge au sujet du cycle de vie des CdP, les personnes présentes ont partagé leurs réflexions au sujet des efforts nécessaires pour solidifier les liens qui unissent les membres d’un groupe. Pour que ces liens puissent subsister au-delà des activités proposées, une certaine prise en main est nécessaire.

Outre l’utilisation de divers outils, d’autres considérations pratiques ont été évoquées au cours de la discussion, y compris l’ensemble des facteurs pouvant contribuer au succès d’un évènement organisé par des CP. Déterminer le moment approprié pour des rencontres, effectuer des rappels, documenter les pratiques, effectuer un suivi des participations… Autant de tâches importantes et typiques du travail de CP. La facilitation d’une communauté de pratique est-elle une fonction usuelle en conseil pédagogique ?

Un constat commun dans ce groupe élargi : le maintien d’une CdP nécessite un travail soutenu qui, tout en tirant parti de compétences communes chez les CP. Ce travail demande donc une certaine spécialisation.

Sentiment d’appartenance

Parmi les leçons tirées d’expériences vécues, certains éléments pointent vers un maintien de la communauté par elle-même, lorsqu’un sentiment d’identification a été établi. Depuis Wenger 1998, ce mode d’appartenance est d’ailleurs relevé dans la littérature au sujet des CdP.

D’ailleurs, certains exemples de succès en CdP proviennent de groupes qui n’étaient pas directement identifiés comme CdP. Alors que la tentation est forte de vouloir tout organiser dans une communauté de pratique, la prise en main par les membres augmente généralement le dynamisme, l’expansion et la durabilité du groupe. La notion de répondre à des besoins réels, exprimés par les membres de la communauté, qualifie à la fois les tentatives de développement de CdP et le conseil pédagogique tel que plusieurs membres de notre réseau la pratique.

La perspicacité de ces commentaires rejoint les résultats d’une recherche de maitrise en éducation, réalisée par Joël Nadeau, codirecteur général de Projet collectif, un organisme qui accompagne de nombreuses communautés de pratique au Québec. Le mémoire de Nadeau est disponible sous forme de carnet ouvert sur la plateforme Praxis, conçue pour faciliter la mobilisation et le transfert de connaissances. Si certains groupes identifiés comme CdP ne répondent pas aux critères d’identification des communautés de pratique, il existe bien des CdP qui s’ignorent.

Vers une gestion du changement

De nombreux travaux sont présentement effectués en CdP et divers modèles existent. Par exemple, plusieurs CdP sont facilitées par la Fédération des cégeps et la cohésion entre ces CdP est désormais assurée par une approche concertée.

D’autres organismes se penchent sur le rôle des CdP au cours de transitions importantes. C’est le cas de la coopérative We Are Open qui facilite une CdP autour des badges ouverts et de la reconnaissance ouverte. Plusieurs des billets de blogue de l’organisme décrivent des éléments importants contribuant au succès des communautés de pratique dans un contexte de transformation. Par exemple :

Vers une prise en main de la transformation numérique

Œuvrant dans un contexte de transformation numérique, les CP du réseau peuvent jouer un rôle important dans la gestion de changements systémiques en facilitant l’émergence de CdP qui peuvent se maintenir elles-mêmes.