Et si la simulation virtuelle était une stratégie pertinentes pour les personnes enseignantes?

Les situations authentiques de l'Unité Virtuelle de Soins (UVS) de l'UQAR

Quand la simulation virtuelle se déploie de manière accessible à toutes et à tous.

Lors d’un récent atelier i-mersion CP, Aïda Oulad-Heddar, conseillère en pédagogie et en technopédagogie à l’Université du Québec à Rimouski, nous a plongés dans l’univers fascinant de l’Unité Virtuelle de Soins (UVS), un projet ambitieux et collaboratif qui repousse les frontières de la formation clinique en soins infirmiers.

Elle a présenté les différentes modalités de ce projet novateur, qui marie technologie immersive, flexibilité du matériel multimédia, pédagogie réfléchie et accessibilité accrue.

Un projet né d'un besoin concret

L’UVS répond, entre autres, à une problématique bien connue des formations en santé : comment permettre aux personnes étudiantes ou professionnelles en soins infirmiers de développer leurs compétences cliniques dans des situations authentiques, sans mettre en danger de véritables patient·e·s ?

La réponse des chercheurs Daniel Milhomme et Frédéric Banville de l’UQAR en 2018 : créer des environnements virtuels où l’apprentissage par l’erreur devient non seulement possible, mais pédagogiquement riche.

Le projet, aujourd’hui développé en partenariat avec l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), couvre des domaines aussi variés que les soins critiques, l’obstétrique, la gérontologie, l’oncologie et les soins généraux. Parmi les exemples présentés, le scénario de Monsieur Picard, un patient autochtone, permet d’aborder la question de la sécurisation culturelle, tandis que celui de Madame Samson explore la surveillance lors d’un traitement de chimiothérapie et la relation d’aide en oncologie.

Les scénarios à embranchements offrent des choix interactifs aux personnes apprenantes, chaque décision entraînant des conséquences pédagogiques réfléchies.

Trois modalités pour une accessibilité maximale

L’un des points forts du projet réside dans sa flexibilité d’utilisation. L’équipe de l’UVS développent trois modalités d’accès distinctes :

  • L’expérience immersive complète : utilise un casque de réalité virtuelle et des manettes, permettant aux personnes apprenantes de plonger littéralement dans l’environnement clinique.
  • La simulation non immersive : sur ordinateur standard offre une utilisation plus large sans équipement spécialisé.
  • Les capsules vidéo des situations authentiques qui relient le monde réel au monde virtuel.

C’est cette dernière modalité que Aïda voulait nous faire connaître. Les vidéos, créés en partenariat avec le Cégep virtuel, commencent par une introduction, qu’on pourrait comparer à un pré-briefing dans un contexte de simulation. Une personne infirmière incarne son propre rôle et présente la situation de soins avec toutes les informations importantes.

Par la suite le personnage se transporte en réalité virtuelle où il doit déployer ses compétences infirmières en fonction des objectifs pédagogiques ciblés. Puis la capsule se termine avec une petite discussion, semblable à un débriefing où on revient sur les éléments pertinents toujours en cohérence avec les objectifs pédagogiques de la capsule.

Les vidéos sont disponibles en accès libre sur le Pavillon REN du ministère de l’Enseignement supérieure sous licence Creative Commons et peuvent être intégrées dans des livres interactifs ou utilisées en classe comme à distance, facilitant ainsi l’apprentissage. Les scénarios sont d’ailleurs utilisés dans des contextes variés pour les différents ordres d’enseignement : formation collégiale et universitaire.

Cette approche multi-plateformes démontre une préoccupation claire : démocratiser l’accès à ces outils pédagogiques, peu importe les ressources technologiques disponibles dans les établissements.

Un projet inspirant pour les personnes participantes

Les échanges ont rapidement mis en lumière un enjeu crucial : comment déployer des projets de simulation virtuelle dans le réseau collégial ? Les personnes participantes ont soulevé les obstacles bien réels que constituent les coûts élevés et le manque de ressources institutionnelles.  

Les discussions, particulièrement en fin d’atelier, ont révélé un besoin manifeste de lieux de partage et d’échange autour des usages pédagogiques de la réalité virtuelle. Si des initiatives comme les ateliers de Simulation Canada constituent des espaces précieux, une communauté technique et pédagogique plus structurée s’avère nécessaire pour soutenir pleinement le développement et l’implantation de la simulation virtuelle à grande échelle.