Priorité au bienêtre numérique!

*** Chronique rédigée par Alexandre Enkerli concernant l’atelier de Sara Hashem du Collège Champlain à Saint-Lambert, intitulé Cultivating Digital Wellness / Cultiver le bienêtre numérique ***

En tant que CP, nous devons fréquemment établir des priorités qui touche les tâches pédagogiques dans nos institutions. En appliquant certaines des mêmes méthodes à des décisions qui touchent directement notre propre travail, nous pouvons développer un pan important de notre identité professionnelle. Lorsque ces priorités ont un impact sur notre bienêtre au travail, on mesure aisément la profondeur des enjeux qui nous touchent.

Bienêtre numérique et santé mentale

Sara Hashem durant la table ronde du Rendez-vous CP 2024

Au cours de son atelier bilingue « Cultivating Digital Wellness / Cultiver le bienêtre numérique », Sara Hashem du Collège Champlain à Saint-Lambert a guidé un groupe d’une vingtaine de personnes à travers un exercice d’équipe centré sur nos priorités communes en bienêtre numérique. Ce faisant, elle nous dirigeait vers une attitude réfléchie face au rôle du numérique dans notre travail et, à terme, à des choix raisonnables dans l’utilisation de la technologie.

Partageant certaines de ses expériences professionnelles, Sara a cerné un enjeu majeur de la santé mentale en contexte professionnel: le “burnout” ou « épuisement professionnel ». En plus de la santé mentale étudiante, notre milieu professionnel fait face à de nombreux problèmes liés au surmenage et à la difficile gestion des nombreuses tâches qui nous incombent.

Si la technologie est au cœur de notre travail, il est important de mesurer son impact à la fois négatif et positif dans nos milieux.

Le stress des applications

Photo de l’atelier animé par Sara

Après une courte présentation au sujet de la technologie numérique, Sara nous a demandé d’énumérer certaines des applications que nous utilisons le plus et d’identifier celle qui nous évoque le plus de stress. Du courriel à Moodle en passant par l’agenda et Teams, plusieurs des applications mentionnées ont provoqué des réactions variées dans le groupe. Ce qui fonctionne bien pour une personne dans un contexte particulier peut entrer dans une dynamique dysfonctionnelle pour une autre personne (ou pour la même personne dans un nouveau contexte). Citant l’exemple d’applications comme Microsoft Bookings conçues pour faciliter la prise de rendez-vous, Sara nous a décrit le manque d’adéquation entre les outils et son mode de fonctionnement. Se traitant elle-même de “control freak”, elle a expliqué sa décision de retourner à l’échange de courriels énumérant ses disponibilités. Dans mon propre contexte, l’utilisation de Bookings a eu des effets positifs sur la structure de mon travail, libérant mon esprit de plusieurs tâches et permettant à des membres du réseau de réserver à leur guise des plages horaires pour échanger avec moi. D’ailleurs, certains des propos de Sara m’ont rappelé un phénomène décrit par David Allen dans son Getting Things Done: il est possible d’être dans un état émotionnel où l’esprit est comme l’eau, se perturbant momentanément en réponse à des stimuli sans s’encombrer de distractions. Selon mon expérience, des personnes subissant de nombreuses pressions peuvent être pleinement attentives dans leurs interactions parce qu’elles atteignent un tel état d’esprit.

Établir des priorités

Au cœur de l’atelier, un jeu simple nous permettant de délibérer au sujet des éléments de notre vie professionnelle qui pourraient contribuer à notre bienêtre numérique. Cet exercice, vraisemblablement inspiré du « test des 100$ » (“$100 Test”) consistait en une priorisation de pistes de solution pour maintenir notre bienêtre numérique. Ces pistes provenaient d’idées générées en première étape du jeu par des interactions autour de la question: « Que signifie le bienêtre numérique pour vous et non selon la littérature? ». Semblable à une activité « réfléchir, jumeler, partager » (“think, pair, share”), cette première partie du jeu nous a proposé un apprentissage par les pairs qui se concentrait sur nos propres enjeux de CP.

Mylène Goulet prend en charge la mise en commun lors de l’atelier animé par Sara

Par la suite, utilisant des coupures d’une monnaie fictive, chaque équipe a assigné une valeur monétaire à chacun des éléments perçus comme les plus pertinents. En troisième étape du jeu, les idées et leurs valeurs ont été mises en commun pour un ultime effort de priorisation. Une part importante de la délibération concernait la possibilité de fusionner des idées en une même pile, dans le but d’obtenir un petit nombre de piles aussi hautes que possible. Comme c’est le cas dans bien des exercices de ce type, deux personnes se sont proposées pour prendre les décisions après de brèves interactions avec le reste du groupe.

Si les stratégies à implanter varient d’un contexte à l’autre, plusieurs thématiques communes ont démontré la force d’une expérience partagée. Point majeur, largement relevé: la nécessité d’établir des limites, d’atteindre un certain équilibre, de permettre certaines formes de déconnexion. La part individuelle concernant la perception du travail de CP par les collègues n’a obtenu que peu de votes.

Agir ensemble?

Après tout atelier de formation, il convient de mesurer l’impact concret que peuvent avoir les leçons apprises dans nos milieux de pratique. Utilisant le modèle Kirkpatrick, on peut tenter d’identifier des réactions, des apprentissages clés, des comportements ou même des résultats au sein de notre milieu.

Dans le cadre de l’atelier de Sara, il peut être facile de cibler les deux niveaux supérieurs de l’évaluation : des comportements optimisés au niveau individuel et des résultats dans l’ensemble du réseau. Parmi les membres du groupe, un certain nombre saura établir des priorités plus claires dans leurs actions vers le bienêtre numérique. Des résultats concrets dans le milieu demanderont une démarche plus large. Pour maintenir (et même améliorer) notre bienêtre numérique, nous devons réussir à établir des priorités communes qui favorisent l’action collective.

Si un simple jeu de priorisation dans un groupe d’une vingtaine de personnes est insuffisant pour mener à des actions concertées, c’est en participant que nous développons nos compétences professionnelles.