*** Chronique rédigée par Catherine Rhéaume de Collecto concernant l’atelier de Pierre Guimond et Catherine Bigras-Dunberry intitulé Création d’un site web pour les nuls… par des nuls! Plusieurs documents sont partagés sur Google docs pour les personnes intéressées. ***

Pierre Guimond et Catherine Bigras-Dunberry sont concepteur et conceptrice pédagogiques à la Direction de l’apprentissage et de l’innovation pédagogique (DAIP) à HEC Montréal. En 2023, la DAIP s’est dotée d’un nouveau site web et toute l’équipe, soit 17 personnes, a participé à sa création.

Lors de leur atelier au Rendez-vous CP 2024, Pierre Guimond et Catherine Bigras-Dunberry ont résumé en 3 étapes la démarche que la DAIP a suivie pour la création de son site web:

  1. Prévoir

Définir les caractéristiques de votre public cible

Rédiger dans un style clair et précis

Concevoir une mise en page efficace

L’atelier ne portait pas sur des outils technologiques, mais plutôt sur les principes qui doivent guider la conception d’un site et de son contenu et sur l’expérience de l’animateur et de l’animatrice.

L’atelier s’adressait à des personnes qui avaient elles-mêmes un projet de site web, que celui-ci soit déjà entamé ou non.

Catherine Bigras-Dunberry et Pierre Guimond ont partagé le tableau de suivi que leur équipe a utilisé pendant la création de son site et y ont fait référence à plusieurs reprises pendant leur présentation.

1) Prévoir: définir les caractéristiques du public cible

La 1re étape est de cerner le besoin. À qui veut-on communiquer? Qu’est-ce que ces personnes veulent savoir?

L’équipe de la DAIP a établi que son public cible était d’abord les personnes enseignantes, mais aussi le personnel administratif qui travaille dans les départements d’enseignement et certaines personnes externes à HEC Montréal.

Après avoir identifié la profession et les besoins professionnels des personnes qui composent le public cible, il faut aussi se questionner sur les habitudes de navigation de ces personnes, leurs sites ou contenus web préférés, etc.

Est-ce qu’un site web est vraiment la meilleure solution pour communiquer avec ces personnes et répondre à leurs besoins? En quoi un site web leur sera-t-il utile?

Les participantes et participants de l’atelier ont pu amorcer leur réflexion relativement à leur propre projet de site web en échangeant en duo au sujet des caractéristiques du public ciblé par chacun de ces projets (voir l’activité 1 dans le cahier d’accompagnement utilisé lors de l’atelier).

Pour motiver ses décisions, l’équipe de la DAIP s’est appuyée entre autres sur les statistiques de consultation de son ancien site web. Ainsi, puisque la section sur les outils technopédagogiques était la plus consultée sur l’ancien site web, c’est elle qui a été mise de l’avant sur le nouveau. Ses contenus ont été subdivisés pour pouvoir être consultés plus facilement par les personnes utilisatrices.

2) Rédiger: écrire dans un style clair et précis

La 2e étape inclut la rédaction, la correction et l’approbation des contenus.

Une fois que l’arborescence des pages du site a été établie à l’étape 1, la rédaction des contenus de chaque page commence.

Pour illustrer le processus, Pierre Guimond a proposé une caricature d’une situation qui aurait pu se produire lors de la création du site de la DAIP. Par exemple, l’équipe aurait pu avoir besoin d’une page sur les examens. Imaginons que Pierre Guimond aurait été le rédacteur, Catherine Bigras-Dunberry,  la correctrice, et leur patronne, l’approbatrice.

Ainsi, chaque page du site de la DAIP a été travaillée 5 fois (rédaction, révision, approbation, rédaction, révision).

Pour la rédaction en tant que telle, Pierre Guimond a proposé 3 règles principales:

Divisez les pages qui couvrent un sujet trop vaste en plusieurs.

Définissez un angle spécifique pour chaque page. Chaque page devrait répondre à une question. Les lecteurs et lectrices lisent rarement des pages entières au hasard; ils et elles consultent une page spécifiquement pour trouver rapidement réponse à une question qu’ils et elles se posent.

La pyramide inversée est un principe de rédaction selon lequel le 1er paragraphe d’un texte devrait pouvoir être lu seul et synthétiser l’essentiel du texte, à la manière d’un chapeau (lead) journalistique. Le 2e paragraphe amène davantage d’information, mais devrait pouvoir être compris même si le 3e paragraphe était coupé, etc.

Ce principe remonte à l’époque de la presse écrite, où des articles étaient parfois abrégés pour faire de la place pour de la publicité. Un texte devait donc pouvoir être tronqué à partir de n’importe quel point et rester compréhensible et intéressant.

C’est un principe à garder en tête, mais qui ne doit pas être appliqué systématiquement en rédaction web.

Les participants et participantes de l’atelier ont ensuite travaillé en équipe pour corriger un «mauvais» texte rédigé par Pierre Guimond, en se mettant dans la peau de la personne correctrice (voir l’activité 2 dans le cahier d’accompagnement utilisé lors de l’atelier). Introduction trop longue, angle du texte à clarifier, contenu à resserrer, ton inadéquat, incohérences typographiques, écriture non inclusive: les participantes et participants ont identifié une foule d’éléments à modifier dans le texte!

3) Intégrer: Concevoir une mise en page efficace

Catherine Bigras-Dunberry a ensuite présenté les étapes du processus d’intégration, pendant lequel les contenus sont transférés d’un document Word (facile à annoter et à commenter par les collègues) à un éditeur HTML, pour la mise en forme finale.

Une fois l’intégration faite, c’est le moment de la révision linguistique. Catherine Bigras-Dunberry a expliqué qu’il était préférable d’attendre ainsi à la toute fin pour cette étape, puisque des contenus (la légende d’une image, par exemple) peuvent être ajoutés à tout moment. Attendre à la fin pour la révision linguistique permet d’éviter d’avoir à réviser le texte en entier plusieurs fois.

Puisque la DAIP souhaitait que son site web respecte les normes d’accessibilité, c’est aussi à ce moment que celles-ci sont validées:

Mais évidemment l’accessibilité avait été prise en compte dès le début; il s’agissait vraiment de faire une vérification, ici.

En format HTML, les contenus peuvent être éclatés. On n’est pas limité au texte; on peut intégrer:

Les participants et participantes de l’atelier ont ensuite réfléchi à la mise en forme que pourrait prendre leur futur site web, en concevant en équipe, sur une affiche, la maquette d’une page à partir d’une description sommaire de son contenu (voir l’activité 3 dans le cahier d’accompagnement utilisé lors de l’atelier). 

Garder le site vivant

En concluant l’atelier, l’animateur et l’animatrice ont souligné qu’un site web devait rester vivant. Des pages devront être modifiées au fil du temps. C’est là l’intérêt, pour l’équipe de la DAIP, d’être en contrôle dès le début de la création de son site et des contenus. Elle peut maintenant être agile et gérer son site de façon autonome. Les 3 étapes ne sont pas linéaires: de nouveaux contenus peuvent s’ajouter à tous moments.

Les personnes qui ont participé à l’atelier du 28 mai 2024 ne sont pas devenues des pros du web en 1 h. Mais elles sont assurément… «un peu moins nulles»!