Lors du premier co-labo-mersion, David Di Pietro, de HEC Montréal et Youen Cariou, du Cégep Édouard-Montpetit, ont partagé leur première expédition dans le monde de la facilitation pédagogique, non en se drapant de l’aura des experts, mais en se présentant comme des intéressés à découvrir un nouvel outil. Ils n’étaient pas là pour prêcher une vérité absolue, mais pour explorer ensemble selon David alors que les premiers échanges définissaient le ton du premier co-labo-mersion: ouverture, curiosité, et résolument humanité.

Leur démarche, exempte de jugement et de théorisation lourde, a ouvert un espace de dialogue où les anecdotes personnelles se mêlaient aux réflexions professionnelles. Youen, avec son entrain habituel, partageait : « Chaque interaction est une porte vers de nouvelles possibilités d’apprentissage, pas seulement pour les personnes enseignantes, mais aussi pour nous. » D’ailleurs, David et Youen partagent leur support visuel d’un atelier sur la facilitation pédagogique avec une licence libre.

Rapidement, je les ai invités à identifier leurs besoins. David et Youen ont insisté sur l’importance de l’ouverture : écouter, mais avec les oreilles, la tête, et le cœur. L’accompagnement, dans sa forme la plus enrichissante, n’est pas une voie à sens unique. C’est une danse d’apprentissage mutuel, illustrait Youen, soulignant que cette approche ne convient pas à tous les contextes, exigeant une certaine aisance avec l’incertitude et une capacité à tisser des liens significatifs.

Crédit : Julien Martineau

À ce point, j’en retiens que la facilitation pédagogique n’est pas adaptée à tous les niveaux, à toutes les personnes formatrices puisqu’elle implique beaucoup d’incertitude, un besoin de pratique, puis potentiellement moins de temps qu’un atelier «classique» de 3h. En fait, cela demande beaucoup de concentration de la personne facilitatrice et parfois on a peu de connaissances sur le contenu, donc ça demande de l’improvisation ou une forme d’honnêteté et de transparence. La facilitation pédagogique génère aussi un spectre de réaction, c’est-à-dire qu’on peut passer de l’anxiété et de l’insécurité, ça demande un dosage en fonction de la matière, de l’expérimentation.

Après une courte période de questions pour clarifier la situation et les besoins, David a nommé son besoin, c’est-à-dire « j’ai envie de connaitre le potentiel ou la pertinence de la facilitation pédagogique (posture) en conseil pédagogique ».

Crédit : Julien Martineau

La session se scindait ensuite en groupes, chaque équipe explorant des façons d’évaluer le potentiel de la facilitation pédagogique dans leur pratique. L’équipe 1 envisageait un test au sein de leur cercle immédiat, proposant un forum en ligne pour perpétuer le dialogue au-delà des murs de la salle. Ils ont conclu que le moment le plus approprié pour la facilitation pédagogique serait après le début de la session, spécifiquement aux alentours de la septième semaine, lorsque le sentiment d’urgence est retombé.

L’équipe 2, avec un brin d’innovation, imaginait un « festival de la requête », un espace où la facilitation pédagogique serait la vedette, démystifiant l’expertise au profit de l’expérience partagée. Il a également été question d’une école d’été prévue au printemps ou en été. Le but serait de sensibiliser les personnes conseillères pédagogiques et le personnel enseignant au plein potentiel de la facilitation pédagogique et d’encourager l’expérimentation au-delà des méthodes magistrales d’enseignement. Ici, selon David, ce pourrait être un bon moment pour inviter des CP des autres institutions à venir observer l’évènement pédagogique.

L’équipe 3 s’est concentrée sur l’importance de la flexibilité et de l’adaptabilité dans les rôles lors d’atelier de formation. Les personnes ont reconnu la nécessité de les préparer activement et d’appliquer des stratégies d’enseignement innovantes, tout en se fiant à leur intuition pour l’utilisation des outils pédagogiques de manière non systématique. Bref, la facilitation pédagogique est un outil qui implique un certain bagage, mais qu’il ne faut pas utiliser tout le temps avec tout le monde.

Les collègues de l’équipe 4 se sont intéressés, pour leur part, aux composantes semblables entre la méthode de Design Thinking et la facilitation pédagogique. Selon eux, ce seraient des méthodes pertinentes à utiliser lors de problèmes complexes sans solutions uniques, et ce, selon les objectifs.

En conclusion, l’événement soulignait une vérité fondamentale : la facilitation pédagogique, malgré ses défis, offre une richesse inégalée pour ceux et celles prêts à embrasser ses nuances. David envisageait déjà la suite, une école d’été où la facilitation serait le prisme à travers lequel observer l’acte d’enseigner notamment les possibilités de l’intelligence artificielle. Youen, quant à lui, réfléchissait à l’importance de l’observation et du partage d’expériences, essentiels pour ancrer la pratique dans le réel. Il retient qu’il faut l’implanter – pas en début de session! – et noter les changements pour les diffuser à l’interne dans un partage d’expérience.

Cette immersion dans la facilitation pédagogique à HEC Montréal était plus qu’un co-labo-mersion ; c’était une invitation à la réflexion, un appel à briser l’isolement et à découvrir ensemble. Comme l’a si bien résumé une personne participante, inspirée par l’esprit de Forrest Gump : « C’était une course avec insouciance, où chaque pas nous rapprochait d’une compréhension plus profonde de ce que signifie vraiment enseigner. »


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